COUPE DE FRANCE - BILAN D'UNE SAISON JAUNE DE PLAISIR

par Charles Mordacq

Quel meilleur endroit qu'une terrasse de café toulousaine accompagné d'une chocolatine pour rédiger ces quelques lignes, et rendre hommage aux champions et championnes de France. Quelle année ce fut pour le roundnet français. La fédération toute fraîchement constituée et les clubs hôtes ont longtemps œuvré pour offrir aux participants de la toute première coupe de France une expérience inoubliable. Quatre tournois, Angers, Toulouse, Paris et l'apothéose avec les championnats de France à Lyon ont prouvé à ceux qui en doutaient encore que ce sport continue de grandir encore plus vite qu'un service de Victor Cambois.

J'avais rédigé quelques lignes avant le tournoi d'Angers pour évoquer les quelques équipes qui se battaient pour les fameuses places qualificatives. Près de quatre mois plus tard et alors que les championnats de France sont tout juste derrière nous, il est temps de tirer le bilan des ces quatre long weekends de roundnet aux quatre coins du pays. Trois équipes féminines, cinq masculines et une équipe mixte auront le grand honneur de représenter la France en Belgique début septembre !

Chez les femmes

1. Puces & Dives

(Inès Paysan & Natacha Alt, Gif/Toulouse)

Inès et Natacha n'ont pas fait mieux que l'an dernier. Elles sont encore championnes de France. Et elles ont remporté tous les tours stops qu'elles ont disputé ensemble (Inès était absente à Toulouse). Rappelons encore que Natacha a découvert le roundnet il y a un an. Aujourd'hui, elle est double championne de France. Même en Europe, elles font désormais partie du top 5. De quoi anticiper une grosse performance aux Worlds ? Certaines équipes féminines semblent intouchables mais le podium pourrait tout à fait s'envisager si les planètes s'alignent. Un bon tirage, de grosses défenses, un encore plus gros mental et ça y est, on peut rêver. Régalez nous et montrez-leur qu'on parle encore français en Belgique.

2. Kayak Volant

(Juliette Dufourcq & Anaïs Duport, Paris)

Les parisiennes double vice-championnes de France ont vendu chère leur peau en finale des championnats de France à Lyon. Mais comme à Paris en octobre, elles ont dû s'incliner face à plus fortes qu'elles. Juliette et Anaïs se sont imposées contre toute autre équipe qui ne s'appelle pas Puces & Dives. un des meilleurs cuts droit du circuit féminin et Anaïs a encore amélioré son "signature move" : son backhand. Les championnats du monde constituent le dernier baroud d'honneur de cette paire parisienne historique, Juliette partant en effet à la conquête de la Guyane dès la rentrée.

3. Spiking on Sunshine

(Liza Vanangamoudiar & Amély Joly, Gif/Toulouse)

Deux grosses compétitrices rassemblées autour d'un set, forcément ça fait des étincelles. Solides troisièmes derrière les deux intouchables, Amély et Liza complètent brillamment le podium fémimin cette année. Une rage de vaincre, une défense de chaque instant, cette paire nous rappelle que l'association touloso-giffoise est décidément très rentable et risque de faire des émules. Amély a même remporté le tour stop toulousain avec Natacha, preuve de sa progression au plus haut niveau féminin ! Et depuis quelques mois, on voit même Liza prendre le RER pour jouer à Paris en semaine. Elle l'a officiellement annoncé : l'année prochaine le badminton, c'est fini.

Line et Vitable (Marina Goncalves & Clara Maucourt, Paris / Angers) etCa passe crèèème (Enora Le Cadre / Elise Martin, Clermont-Ferrand) complètent le top 5 féminin français dans un classement toujours de plus en plus relevé !

Chez les hommes

1. Pour Combien

(Robin Florida & Dorian Améziane, Toulouse)

Probablement l'équipe la plus ennuyeuse du circuit cette année tant leurs résultats ont été constants, sans surprise et conformes aux prédictions d'avril. C'est simple, Robin et Dorian ont tout raflé. Dès le premier tournoi à Angers, Dorian a conclu la finale sur un reverse cut no touch. Devant tant d'insolence, les dieux du spike ont tout tenté mais ni la pluie et la gadoue toulousaine, ni la blessure au poignet de Dorian à Paris et ni les rafales de vent lyonnaises n'auront su faire déjouer les double champions de France. Ils n'ont même pas laissé de miettes à leurs adversaires. Dur de savoir quelle équipe en France pourra un jour leur barrer la route tant ils continuent de progresser. Maigre consolation, les français ne sont pas les seuls à être martyrisés: les Pour Combien suivent la même feuille de route en Europe avec deux victoires consécutives sur les deux dernières sorties dont le dernier Spikeball Tour Series à Paris. Mais où s'arrêteront ils ? Les championnats d'Europe à Dublin à la fin du mois, un détour aux US en août, puis les championnats du monde pourraient les placer sur le toit du Roundnet ! Cocorico.

2. Les Mareyschaux

(Louis Mareschal & Clément Rey, Toulouse)

Solides jusqu'aux championnats de France, Louis et Clément n'ont pas perdu avant les demi-finales cette année, perdant même en finale contre les PCB à Toulouse. Très rapides au bloc et très réguliers sur leurs services, la deuxième équipe toulousaine qualifiée a sans doute manqué d'un tout petit peu de fraîcheur en fin de tournoi pour aller au bout. Mais elle a parfaitement répondu aux attentes nées de leur jeune collaboration. Louis a même fini sur une très belle note à Lyon le dimanche - aussi à l'aise sur scène qu'autour d'un set, on espère pour lui (et pour nous) que la musique se répétera en Belgique.

3. Execut

(Tom Hullot & Auxence Clark, Montpellier/Paris)

La grosse révélation de l'année ! L'équipe montpelliéraine a progressé à la vitesse de la lumière ces derniers mois jusqu'à finir sur le podium des championnats de France à Lyon. Les gros angles sur service de Tom et le spin implacable d'Auxence ont semé la terreur tour après tour. Une équipe aussi impressionnante de sang froid dans les moments clefs, avec beaucoup de matchs conclus dans le money time. Les double clutch français. Probablement la plus grosse marge de progression l'an prochain si le duo se maintient. C'est d'ailleurs le moment approprié pour annoncer le transfert définitif d'Auxence à Roundnet Paris après un prêt concluant ces 6 derniers mois. Bienvenue à lui !

4. L'Ekipeeeee

(Marius Snoeck & Hugo Lacombe, Lyon)

Leur ascension était programmée, elle n'a pas déçu. Défenseurs hors pairs, les Lyonnais ont drastiquement amélioré leurs services et leurs attaques pour se hisser tout en haut du gotha français, Une finale à Angers et une demie à Toulouse les ont tout de suite propulsés sur le devant de la scène. C'est désormais la seule équipe avec les PCB à avoir un statut "premiere", acquis grâce à leur résultat lors du dernier challenger à Paris (le statut "premiere" permet d'accéder à la plus haute division sur les tournois régis par Spikeball et ainsi d'affronter les meilleurs joueurs).

5. Les Jouve

(Louis Jouve & Thomas Jouve, Montpellier/Toulouse)

Il fallait tout de même la présence de l'une des plus anciennes équipes du circuit pour représenter les Bleus en Belgique ! Thomas et Louis qui à force de prodiguer des conseils trop avisés via leur tutos YouTube ont vu la concurrence les rattraper très très rapidement. Mais quel meilleur tournoi que les championnats du Monde pour finir en apothéose. Repoussés deux années de suite pour cause de covid, peu de Français ont attendu les Worlds aussi longtemps que ces deux-là. Équipe française légendaire, il s'agit probablement de leur dernier tournoi ensemble en compétition et revêtu de leur tunique bleue, ils vont vouloir briller de mille feux !

Mention spéciale à la team Expats (Alex Marti & Tom Eynard, Allemagne/Autriche) qui a bien fini dans les 5 premières mais qui ne sera pas reconstituée pour les championnats du monde. Probablement le seul joueur de roundnet au monde à avoir le choix de représenter 2 pays pour les Worlds, Tom a en effet opté pour les couleurs autrichiennes. Très mauvais choix si vous me demandez ! Même si l'équipe de France devra en effet se passer de l'un des meilleurs serveurs français. A ses côtés se tenait l'inénarrable Marti : un bloc magique (surtout quand il pleut), une finition impeccable et un état d'esprit (presque) irréprochable - cette paire a tout de même fini vice championne de France à Lyon et troisième du classement de la saison.

La suite du top 10 étant essentiellement composée de parisiens qui n'ont pas encore trouvé la clef face aux toulousains : la team M&N(Benoit Nguyen et Charles Mordacq, Paris) suivie de Pierre Feuille Victor (Victor Cambois & Pierre Lecrosnier, Lyon/Paris), Poulet Curry (Benoit Durand & Aymeric Sandoz, Paris) et Waikiki (Lancelot Touzé & Thibaud Labourdette, Paris). Des transferts, un rachat du PSG, un grand voyage aux US, une thérapie de groupe, changer de sport, aucune option n'est encore écartée du côté de la capitale.

Une très belle saison qui nous fait déjà saliver pour l'année prochaine ! C'est d'ailleurs le début des bruits de couloir, de négociations secrètes, des tractations sous la table, c'est la période la plus excitante de l'année, c'est le mercato ! Pas d'agent ni de représentants, il faut appeler directement, sonder, draguer son ou sa prochaine partenaire et espérer dénicher la perle rare. Tous les critères sont importants, mon ou ma future partenaire travaille t-il ? Est-il étudiant et fauché ? Pourra t-il voyager en France ? En Europe ? Est- ce qu'il bosse son reverse dans son 10 mètres carrés ? Est-ce qu'il la joue au talent ? Pour le mixte, est-ce qu'il va sortir le samedi soir ? Est-ce un Lancelot bis ? Qui d'autre est sur le coup ? A-t-il bien regardé tous mes highlights ? Ai-je des highlights ? Mais qui est libre en fait ? Est-ce que je peux lui verser une somme de monnaie pour me l'assurer ? Allez, lancez-vous ! De toute façon, à la fin, on sait qui gagnera.

Les équipes masculines et féminines auront fort à faire en Belgique ! Au premier tournoi open où se dessineront sûrement des duels fratricides se succédera le tournoi par équipe sur un format coupe davis. Quelles sont les chances des équipes de France ? Côté masculin, même amputé de certains de leurs meilleurs joueurs qui ne feront pas le voyage (Preston Bies, Ryder Riva…), les Etats Unis font encore figure de grand favori. Derrière eux, le Canada, l'Allemagne… et la France devraient se disputer le podium. Côté féminin, même constat pour les Etats-Unis malgré l'absence des Twinz, la meilleure équipe américaine - le vivier féminin US reste très important, mais les Allemandes qui disposent de plusieurs équipes très compétitives et les Françaises peuvent tout à fait rêver d'une place sur le podium. Impossible n'est pas gaulois !

Avant de clôturer cet article, j'aimerais finir sur quelques notes de remerciement - des gens ou d'autres forces de la nature sans lesquelles cette saison n'aurait pas été si incroyable :

La pluie toulousaine, grâce à laquelle la glissade au bloc n'a désormais plus de secrets pour les joueurs, le vent lyonnais qui a réussi à dégoûter des spikers à jamais, et bien sûr les clubs hôtes, Roundnet Angers, Toulouse, Paris et Lyon pour avoir mis sur pied des compétitions pour tous les niveaux et d'avoir célébré tant de nouvelles communautés naissantes autour d'une même passion. Toutes les communautés qui ont fait du roundnet sur les tables des Mcdo des aires d'autoroute, depuis Abbeville, Clermont-Ferrand, Rennes, l'Alsace, la Bretagne et j'en oublie. Aussi bien sûr remercier la toute nouvelleFédération Française de Roundnet qui se construit avec les retours (les votes?) des joueurs et des joueuses, et qui se professionnalise mois après mois. Remercier tout particulièrement Clément Bézier, qui a fait vivre la communauté derrière d'innombrables postes sur les réseaux sociaux et qui nous quitte en cette fin d'année, Gabriel Chamoulaud aussi en fin de mandat qui a participé à l'essor de très nombreuses communautés à travers le pays et enfin Thomas Jouve et tout le pôle compétition (notamment le nouveau venu Thomas Pérez qui avait déjà bien aidé sur le format) de la Fédé sans lequel tout ceci n'aurait ressemblé qu'à de vulgaires pickups sous la forme d'un tour de France des Déliriums.

Comment oublier Corentin, Gaëlle, Romain, Robin et Quentin qui ont immortalisé tous ces tournois et nous permettent tous les jours de nous replonger dans la magie de chacun de ces moments.

Bon été à tous et à toutes et à bientôt sur les terrains de Roundnet !

Charles

PS : je recherche des éditeurs pour m'accompagner la saison prochaine sur la couverture manuscrite et humoristique des événements de roundnet français - n'hésitez pas à m'envoyer un msg si ça vous intéresse !